Ce troisième opus commence comme le
premier [avec Toorop, le mercenaire, engagé
cette fois aux côtés des Ouïgours
contre la Chine] et s'achève comme le
deuxième, dans le chaos post-cyber.
Toorop accepte de travailler pour les mafias
sibériennes. Mission : escorter Marie, une
jeune femme, au Québec. C'est tout. Mais ce
qu'il ne sait pas c'est que cette jeune femme porte
en elle la prochaine mutation de l'Humanité,
la synthèse de l'Homme et de la neuromatrice
crée par Darquandier dans les Racines du
Mal, et qu'elle est donc recherchée par tout
ce que la planète compte en 2014 de sectes
post-millénaristes et de hackers
déjantés.
On retrouve en salivant la hargne du style, la
gnaque des images, la force de l'imagination qu'on
aime chez DANTEC. Mais cette fois plus de limite
à la fusion des genres. Là où
les "Racines" racontaient une traque, la traque
d'une secte sanglante par Darquandier et son IA
schizophrène, "Babylon Babies" est d'abord
le récit d'une naissance : naissance de
Toorop à un monde furieusement
éclaté par la réalité
cyber [les scènes d'hallucination virales
sont géniales], naissance du nouvel Homme,
aussi supérieur à nous que nous le
sommes au singe.
Le convoyage de Marie est prétexte
à de belles scènes de flammes :
après une bataille épique en plein
centre de Montréal, la jeune femme
échappe à tous, escorte et
poursuivants. Toorop s'allie à un groupe
d'activistes, les Cyborgs, mené notamment
par Darquandier et par un écrivain aux
contours sérieusement proches de celui de
Dantec.
L'action prend un rythme plus lent, et cette
fois, aux côtés de Toorop, on chemine
intelectuellement vers l'acceptation : Marie
engendrera l'enfant des technologies nouvelles,
directement branché sur le réseau
naturel qu'est l'ADN et qui relie chaque chose dans
l'Univers.
Les explications concernant le Serpent cosmique
font froid dans le dos et en même temps chaud
au coeur : Dantec croit-il vraiment avoir
trouvé le sens profond de la vie ?
Le roman en tout cas, après avoir pris
soudain une dimension métaphysique
ambitieuse, s'arrête un peu trop tôt
pour qu'on soit satisfait. On aurait voulu
continuer encore un peu, voir au-delà de
l'avènement des Enfants de Babylone. Ne
serait-ce que pour savoir quel sort ils nous
réservent, à nous simples Humains,
étapes de l'évolution
déjà appelées à
s'éteindre.
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